đ© Croyance Que Tout Objet A Une Ăme
Peuimporte les circonstances, peu importe le trajet que vous avez empruntĂ© pour en arriver lĂ oĂč vous ĂȘtes en ce moment prĂ©sent. Les choix, les rĂ©sultats, les chemins que vous avez pu prendre et ne pas prendre. Votre Ăąme veut que vous sachiez que tout arrive pour une raison, et rien ne se passe par hasard. Ayez confiance, tout va bien
Croyanceque tout objet à une ùme; SENTIMENT. 9 lettres. état d'ùme; Vague idée; SPIRITUEL. 9 lettres. Qui relÚve de l'ùme et de la conscience; Fin et drÎle; GENEROSITE. 10 lettres. Grandeur d'ùme; Esprit de noël; Sentiment qui a du coeur; THERAPEUTE. 10 lettres. Médecin de l'ùme; MAGNANIMITE. 11 lettres. Grandeur d'ùme ; MELANCOLIQUE. 12 lettres.
CroyanceQue Tout Objet Ă Une Ăme. La solution Ă ce puzzle est constituéÚ de 8 lettres et commence par la lettre A. Les solutions pour CROYANCE QUE TOUT OBJET Ă
Croyanceque tout objet a une Ăąme. Un Alfred qui ne badine pas avec lâamour. Bouche de fleuve. â CodyCross Sous L'ocĂ©an Groupe 26 Grille 4: CodyCross PlanĂšte Terre Groupe 1 Grille 1 â: Laisser un commentaire Annuler la rĂ©ponse. Votre adresse de messagerie ne sera pas publiĂ©e. Les champs obligatoires sont indiquĂ©s avec * Commentaire * Nom * Adresse de
WZwlcfB. Carte mentaleĂlargissez votre recherche dans UniversalisLa doxa » des Grecs croyance et opinionC'est donc de la doxa des Grecs qu'il faut partir, de son sens majeur d'opinion et de son sens mineur d'opiner. LĂ est la source de la double Ă©valuation philosophique de la croyance nous dirons dĂ©sormais croyance-opinion et opiner-juger. DĂšs le PoĂšme de ParmĂ©nide, dont il ne nous reste que des fragments, l'opinion est mise en jugement et condamnĂ©e elle est comme le contre-pĂŽle du cĆur sans tremblement de la VĂ©ritĂ© » Fragments, I, 29. Quant aux opinions des mortels, en elles on ne peut se fier Ă rien de vrai » I, 30. La VĂ©ritĂ©, c'est le chemin auquel se fier » ; l'autre voie de recherche, la seule qui soit Ă concevoir, n'est qu' un sentier oĂč ne se trouve absolument rien Ă quoi se fier » II. D'un cĂŽtĂ©, donc, science, VĂ©ritĂ©, ĂȘtre â car ce qui est et ce qui est Ă penser sont une seule et mĂȘme chose ; de l'autre, opinion, erreur, non-ĂȘtre. Et pourtant, dĂšs le PoĂšme de ParmĂ©nide, le philosophe est contraint d'enseigner aussi les opinions des mortels » â ce qu'ils ont en vue et ce qui se montre tout cela est contenu dans le participe dokounta qui correspond au substantif doxa ; du moins cĂ©lĂ©brera-t-il celles des opinions qui, par leur relative stabilitĂ©, sont dignes d'ĂȘtre Ă©quivoque, qui n'a cessĂ© d'intriguer les commentateurs, s'amplifie dans la philosophie platonicienne qui domine notre problĂšme le rĂšgne de la vĂ©ritĂ© s'appuie sur un modĂšle mathĂ©matique de nĂ©cessitĂ©, d'immutabilitĂ©, d'inconditionnalitĂ©, tandis que le rĂšgne de l'opinion s'identifie Ă l'ordre du contingent, du variable, du conditionnĂ©. Mais, pas plus chez Platon que chez ParmĂ©nide, la condamnation de la doxa ne reste sans contrepartie ; dans la hiĂ©rarchie des degrĂ©s du savoir, l' opinion droite » tient la place du milieu, de l'intermĂ©diaire, entre l'ignorance ou la sensation et la science vĂ©ritable ; dans cette position intermĂ©diaire, la doxa n'est pas seulement un degrĂ© de transition, elle reprĂ©sente une activitĂ© de l'Ăąme qui, Ă travers l' embarras », et la recherche », et par le moyen du discours », s'applique seule et directement Ă l'Ă©tude des ĂȘtres » ThéétĂšte, 187 a. Or cet acte â que Platon appelle doxazein, verbe formĂ© sur doxa â signifie opiner, au sens de juger, et n'est plus dĂ©fini simplement comme un degrĂ© infĂ©rieur de savoir et d'ĂȘtre ; c'est plutĂŽt un terme neutre, qui implique qu'il y a opinion vraie ou fausse ; car la dĂ©finition de l'opinion est maintenant prise du cĂŽtĂ© de l'opĂ©ration, de l'activitĂ© de l'Ăąme, et non plus du contenu ; de ce point de vue, la science elle-mĂȘme est opinion vraie » ibid., 187 b ; autrement dit, opinion vraie, opinion fausse sont jugement vrai et jugement faux. On arrive ainsi Ă la dĂ©finition fameuse Un discours que l'Ăąme se tient tout au long Ă elle-mĂȘme sur les objets qu'elle examine [...], c'est ainsi que je me figure l'Ăąme en son acte de penser ; ce n'est pas autre chose, pour elle, que dialoguer, s'adresser Ă elle-mĂȘme les questions et les rĂ©ponses, passant de l'affirmation Ă la nĂ©gation, quand elle a, dans un mouvement plus ou moins lent, soit mĂȘme dans un Ă©lan plus rapide, dĂ©fini son arrĂȘt, que, dĂšs lors, elle demeure constante dans son affirmation et ne doute plus, c'est lĂ ce que nous posons ĂȘtre, chez elle, opinion [doxa] » ibid., 189 e-190 a. Deux problĂ©matiques dĂ©sormais s'entrecroisent l'une, plus ontologique, qui oppose science et opinion, comme ĂȘtre et apparaĂźtre, l'autre plus psychologique, qui place l'opinion entre l'ignorance et la science, comme le mouvement mĂȘme de chercher, d'apprendre, d'arrĂȘter et d'achever son discours, c'est-Ă -dire son parcours de pensĂ©e. Le problĂšme philosophique de la croyance est dominĂ© par cette ambiguĂŻtĂ© entre l'Ă©valuation nĂ©gative du paraĂźtre qui, Ă la limite, n'est que le sembler d'une apparence, et l'Ă©valuation positive de l'opiner qui, Ă la limite aussi, tend vers le discours vrai et dont la science nĂ©cessaire et immuable est l' devait consolider ce statut de l'opinion en prĂ©cisant celui de son objet propre qu'il caractĂ©rise par le probable endoxon, de [...]1 2 3 4 5 âŠpour nos abonnĂ©s, lâarticle se compose de 18 pagesĂcrit par professeur Ă©mĂ©rite Ă l'universitĂ© de Paris-X, professeur Ă l'universitĂ© de ChicagoClassificationPhilosophieHistoire de la philosophie occidentalePhilosophie antiquePhilosophie grecquePhilosophieHistoire de la philosophie occidentalePhilosophie occidentale, xxe s. et xxie de la philosophie occidentalePhilosophie occidentale, xxe s. et xxie modernePhilosophiePhilosophie gĂ©nĂ©raleVĂ©ritĂ©PhilosophiePhilosophie du langagePragmatiquePhilosophiePhilosophie du langageSĂ©miotiqueReligionsReligions gĂ©nĂ©ralitĂ©sFoiAutres rĂ©fĂ©rences CROYANCE » est Ă©galement traitĂ© dans CROYANCES sociologieĂcrit par Romain PUDAL âą 1 225 mots âą 1 mĂ©diaDans son acception la plus simple, la notion de croyance sert Ă dĂ©signer lâadhĂ©sion Ă des idĂ©es, des opinions, des valeurs sans quâune dĂ©monstration rationnelle, empirique ou thĂ©orique nâait conduit Ă lâĂ©laboration et lâadoption des croyances en question. Classiquement donc, la croyance reposerait sur une parole dâautoritĂ©, un ouĂŻ-dire, des raisons non vĂ©ri [âŠ] Lire la suiteAGRESSION psychologie socialeĂcrit par Laurent BĂGUE âą 899 mots Lâagression est dĂ©finie comme un comportement qui vise Ă blesser intentionnellement un individu motivĂ© Ă se soustraire Ă ce traitement. Les recherches conduites sur les formes et fonctions du comportement agressif ont mobilisĂ© des mĂ©thodologies extrĂȘmement variĂ©es statistiques publiques judiciaires et policiĂšres, enquĂȘtes de victimation ou de dĂ©linquance autoreportĂ©e, observations, tests cogniti [âŠ] Lire la suiteANTHROPOLOGIE ET ONTOLOGIEĂcrit par FrĂ©dĂ©ric KECK âą 1 251 mots Si lâanthropologie sâest dĂ©finie contre la mĂ©taphysique classique en remplaçant un discours sur Dieu comme fondement de toutes choses par un discours sur lâhomme comme sujet et objet de connaissance Foucault, 1966, elle a renouĂ© depuis les annĂ©es 1980 avec lâontologie, dĂ©finie comme un discours sur ce qui est, pour affirmer la rĂ©alitĂ© des phĂ©nomĂšnes sur lesquels porte son enquĂȘte. Lâanthropolog [âŠ] Lire la suiteAPOLOGĂTIQUEĂcrit par Bernard DUPUY âą 3 540 mots Dans le chapitre Du Moyen Ăge Ă l'Ă©poque contemporaine » [âŠ] La dĂ©marche apologĂ©tique classique du christianisme avait Ă©tĂ© formulĂ©e par saint Anselme dans son Proslogion 1078 fides quaerens intellectum . La foi recherche les motifs qui, sans prĂ©tendre dĂ©montrer ce qui demeure mystĂ©rieux pour la raison, permettent de croire, et fondent un jugement de crĂ©dibilitĂ© ». Mais les motifs de crĂ©dibilitĂ© ne sont pas la foi. Leur rapport Ă la foi restait Ă Ă©luc [âŠ] Lire la suiteARCHAĂQUE MENTALITĂĂcrit par Jean CAZENEUVE âą 7 026 mots Dans le chapitre L'animisme et le rationalisme sociologique » [âŠ] La premiĂšre tentative d'analyse sociologique vraiment importante des croyances archaĂŻques a Ă©tĂ© l'Ćuvre d'une Ă©cole appelĂ©e animiste et dont les principaux reprĂ©sentants furent Spencer, Tylor et Frazer. RamenĂ©e Ă ses lignes les plus gĂ©nĂ©rales, au-delĂ des aspects particuliers que lui ont donnĂ©s chacun de ces auteurs, l'animisme est une interprĂ©tation Ă la fois rationaliste et Ă©volutionniste de l [âŠ] Lire la suiteART Aspects culturels - Public et artĂcrit par Nathalie HEINICH âą 6 254 mots âą 1 mĂ©dia Dans le chapitre La perception esthĂ©tique » [âŠ] Mais les variations dans l'apprĂ©ciation des Ćuvres selon les diffĂ©rents publics ne touchent pas seulement les sujets et les formes, les contenus et les styles de reprĂ©sentation elles concernent tout d'abord â et trop de recherches tendent Ă l'oublier â le statut mĂȘme des Ćuvres, le fait qu'elles soient ou ne soient pas apprĂ©hendĂ©es comme des objets d'art. Car, avant mĂȘme de faire l'histoire et l [âŠ] Lire la suiteASTROLOGIEĂcrit par Jacques HALBRONN âą 13 309 mots Dans le chapitre Vers une astrologie restaurĂ©e » [âŠ] La dĂ©marche de l'historien peut-elle servir le praticien ? Signaler un syncrĂ©tisme accentuĂ© par des dĂ©veloppements diffĂ©rents d'un pays Ă l'autre, un dĂ©couplage, est-ce que cela est susceptible d'interpeller l'astrologue et de l'engager Ă renoncer Ă ses dĂ©viations ? Dans la mesure oĂč celles-ci ont fait l'objet d'une exĂ©gĂšse justificatrice, que les GĂ©meaux, par exemple, sont attribuĂ©s, depuis au m [âŠ] Lire la suiteATHĂISMEĂcrit par Edmond ORTIGUES âą 3 050 mots LittĂ©ralement, le mot athĂ©e » veut dire sans dieu ». Pour comprendre ses divers emplois dans le cours de l'histoire, il convient de noter que ce terme nĂ©gatif n'inclut spĂ©cialement aucun verbe. Suivant le contexte, plusieurs pourront ĂȘtre sous-entendus on est tentĂ© de privilĂ©gier le verbe croire » l'athĂ©e est celui qui ne croit pas Ă l'existence de Dieu â ou des dieux, mais on parle aus [âŠ] Lire la suiteAU-DELĂĂcrit par Lucien JERPHAGNON âą 435 mots UsitĂ© comme adverbe, au-delĂ signifie plus loin , et, comme locution prĂ©positive, plus loin que telle limite â de l'ordre du physique, de l'imaginable, du concevable â qu'on dĂ©passe intentionnellement. PortĂ©e Ă l'absolu, cette derniĂšre intention est crĂ©atrice d'objet pris substantivement, le terme dĂ©signe alors un autre monde ou un Ă©tat du monde opposĂ© Ă l'actuel, ainsi que les sujets censĂ©s l [âŠ] Lire la suiteBONHEUR notions de baseĂcrit par Philippe GRANAROLO âą 2 588 mots Dans le chapitre Bonheur et fuite du temps » [âŠ] Conscience dâĂȘtre situĂ© Ă mi-chemin de lâanimalitĂ© et de la divinitĂ©, conscience de la mort dont lâhomme ressent quâelle est Ă la fois un privilĂšge qui le situe au-dessus des bĂȘtes et la source de son malheur, tout nous ramĂšne, quand il sâagit du bonheur, Ă la question de la fuite du temps. Situer le bonheur dans la chaĂźne du temps semble le principal dĂ©fi quâont dĂ» relever les philosophes. En dĂ©p [âŠ] Lire la suiteVoir aussiPHILOSOPHIE ANTIQUEPHILOSOPHIE GRECQUESAVOIRLes derniers Ă©vĂ©nements9-29 janvier 2014 Tunisie. Adoption de la Constitution La Constitution fait de la Tunisie un Ătat civil » dont l'islam est [la] religion » et qui reconnaĂźt la libertĂ© de croyance et le libre exercice des cultes. Elle garantit notamment la libertĂ© d'opinion, d'expression et d'association, reconnaĂźt l'Ă©galitĂ© entre citoyens et citoyennes, et impose des listes paritaires aux Ă©lections. Elle prĂ©voit un exĂ©cutif bicĂ©phale composĂ© d'un prĂ©sident Ă©lu et d'un Premier ministre responsable devant le Parlement. [âŠ] Lire la suite14-16 septembre 2012 Vatican â Liban. Visite du pape BenoĂźt XVI Ă Beyrouth Il appelle Ă la tolĂ©rance les gouvernements issus des rĂ©volutions arabes â qui ont souvent instaurĂ© la loi islamique â, prĂ©conise de conserver Ă la fois une claire distinction et une indispensable collaboration » entre la politique et la croyance, et demande que les chrĂ©tiens ne soient pas traitĂ©s en citoyens ou en croyants mineurs ». BenoĂźt XVI appelle enfin Ă l'unitĂ© ĆcumĂ©nique » des chrĂ©tiens d'Orient toujours divisĂ©s. [âŠ] Lire la suite13 fĂ©vrier 2008 France. Discours du prĂ©sident Nicolas Sarkozy sur le rĂŽle de la religion et sur la mĂ©moire de la Shoah En rĂ©ponse Ă des inquiĂ©tudes concernant la laĂŻcitĂ© qu'avaient suscitĂ©es ses discours de Rome, en dĂ©cembre 2007, et de Riyad, en janvier, il dĂ©clare que personne ne veut remettre en cause ce trĂ©sor trop prĂ©cieux qu'est la neutralitĂ© de l'Ătat, le respect de toutes les croyances, comme celui de la non-croyance ». Il n'en Ă©voque pas moins l'immense besoin de spiritualitĂ© » nĂ© de la fin des idĂ©ologies totalitaires et des dĂ©sillusions de la sociĂ©tĂ© de consommation » et souhaite que nos enfants aient le droit de rencontrer Ă un moment de leur formation intellectuelle et humaine des religieux engagĂ©s qui les ouvrent Ă la question spirituelle et Ă la dimension de Dieu ». [âŠ] Lire la suiteRecevez les offres exclusives Universalis
Aujourdâhui, dans la lignĂ©e de mes articles sur la littĂ©rature amoureuse et Ă©rotique et ses grands mouvements, âpetitâ topo sur le libertinage⊠dont on ne connaĂźt bien souvent que lâaspect⊠âcharnelâ ! Un grand mouvement nĂ© au XVIe s. et qui mĂ©rite, vous allez le voir, quâon sây intĂ©resse ! PrĂ©cisons tout dâabord pour couper court aux Ă©ventuels ragots auxquels un tel article pourrait donner vieâŠ^^ que je ne verse pas dans le libertinage de mĆurs ou autre. J Cet article sâinscrit tout simplement dans la lignĂ©e des articles prĂ©vus sur les mouvements littĂ©raires particuliĂšrement axĂ©s sur la question amoureuse PlĂ©iade, PrĂ©ciositĂ©, Romantisme⊠et Libertinage, donc. Jâai publiĂ© mes deux premiers articles sur la PrĂ©ciositĂ© et sur Mme de La Fayette en septembre, vous pouvez les retrouver ici et lĂ . Quitte Ă en surprendre certains, il faut savoir que le libertinage est, Ă lâorigine, et avant tout, un courant intellectuel nĂ© au XVIe s. qui tire son nom du latin libertinus », terme renvoyant, dans la Rome antique, Ă un esclave affranchi, libĂ©rĂ© » de lâautoritĂ© de son propriĂ©taire. Lâemphase est donc mise sur lâidĂ©e de la libĂ©ration de lâhomme dâun joug. Lequel ? Au sortir du Moyen-Ăąge et en pleine Renaissance celui de la religion, bien sĂ»r. Les premiers libertins sont donc de libres penseurs qui se sont affranchis de certaines traditions religieuses, de certains dogmes, de certaines croyances. Anticonformistes, parfois mĂȘme athĂ©es et anticlĂ©ricaux, ils sont Ă©videmment fustigĂ©s par lâEglise, qualifiĂ©s de mĂ©crĂ©ants, dâhĂ©rĂ©tiques, et leur credo, de doctrine pour putains et ruffians », selon le rĂ©formateur Guillaume Farel. Plusieurs finiront â Ă©videmment â sur le bĂ»cher on Ă©tait encore loin â est-il utile de le rappeler ? â de la libertĂ© de culte, de la libertĂ© de pensĂ©e et de la libertĂ© dâexpression. Le libertinisme », comme on lâappelle alors, câest donc dâabord une rĂ©action contre les excĂšs, les tabous, les interdits et lâaustĂ©ritĂ© de la religion rappelons que nous sommes Ă lâĂ©poque du schisme protestant, donc de la naissance de cette religion rĂ©formatrice et particuliĂšrement austĂšre, et des guerres de religion qui en dĂ©coulent avec le catholicisme bien implantĂ© ; Ă lâĂ©poque aussi de lâInquisition et de la persĂ©cution des juifs et de tout ce quâon considĂšre alors comme hĂ©rĂ©tiqueâŠ. Un libertin est alors dĂ©iste, athĂ©e, hostile au pape, franchement anticlĂ©rical ou seulement critique Ă lâĂ©gard des religions rĂ©vĂ©lĂ©es. Le concept Ă©volue rapidement, au dĂ©but du XVIIe s., en un mode de pensĂ©e savant qui prĂŽne une totale libertĂ© intellectuelle et morale et qui puise ses origines dans diffĂ©rents courants. Il procĂšde en effet Dâune reprise des idĂ©es atomistes du philosophe grec DĂ©mocrite, tout dâabord dâaprĂšs la pensĂ©e matĂ©rialiste de celui-ci, tout nâest que matiĂšre, atomes, particules. En consĂ©quence, Dieu nâexiste pas, le Paradis non plus, et la seule existence dont nous puissions jouir est lâexistence terrestre â dont il convient, par extension, de profiter au maximum⊠Dâune reprise des idĂ©es dâEpicure satisfaire ses besoins nĂ©cessaires et vitaux â physiques, y compris sexuels, mais aussi intellectuels â et se dĂ©tourner les dĂ©sirs superficiels, non naturels et non vitaux qui seront ensuite peu Ă peu transformĂ©es en prĂ©conisations hĂ©donistes prendre du plaisir avant tout, laisser libre cours Ă ses passions, satisfaire tous ses dĂ©sirs, laisser Ă ses pulsions tout lâaccroissement possible. Une philosophie du bonheur qui ne sera parvenue au XVIIe s. que par lâintermĂ©diaire des tĂ©moignages de ses disciples, ses premiers Ă©crits â fait intĂ©ressant â ayant Ă©tĂ© intĂ©gralement dĂ©truits par les premier ChrĂ©tiens⊠tiens donc !. Epicure fait donc bien sĂ»r partie des auteurs antiques apprĂ©ciĂ©s des libertins mais proscrits par lâEglise catholique de leur temps. Des idĂ©es de LucrĂšce, par lâintermĂ©diaire duquel, entre autres, la philosophie Ă©picurienne du bonheur nous est parvenue. On lui doit Ă©galement une thĂ©orie matĂ©rialiste de la crĂ©ation du monde sous la forme, non pas dâune Ćuvre divine, mais dâune pluie dâatomes un atome dĂ©viant aurait heurtĂ© les autres atomes et permis leur amalgameâŠ. Et donc la naissance du monde qui nâaurait rien Ă voir avec Dieu⊠â thĂ©orie du Big Bang avant lâheure ? Lorsque le libertinage Ă©merge Ă lâĂ©poque moderne, le brĂ©viaire athĂ©iste et atomiste de LucrĂšce, longtemps banni et tombĂ© dans lâoubli, vient tout juste dâĂȘtre redĂ©couvert. Du scepticisme de Montaigne â puis de Descartes au siĂšcle suivant â et du rationalisme humaniste nĂ©s au XVIe qui, comme leur nom lâindique, recommandent de douter de tout et de passer toute information, tout savoir, toute croyance par le filtre de la raison, de lâanalyse scientifique â ou du moins rationnelle â et du doute systĂ©matique. On est bien loin de lâignorance et de la crĂ©dulitĂ© requises par le dogme religieux alors en place. Les libertins, on lâaura compris, refusent de se soumettre Ă des rĂšgles, Ă des dogmes préétablis, Ă lâĂ©thique religieuse, Ă une morale fondĂ©e sur la vertu et les restrictions. Ce sont des Ă©rudits, des savants, des hommes de lettre, des libres penseurs, qui publient sous le manteau des Ă©crits satiriques, cyniques, ironiques et contestataires ; qui cherchent Ă Ă©chapper Ă la censure et Ă la rĂ©pression moyennant lâusage de doubles-sens, de codes, dâallusions, de lâanonymat et dâĂ©diteurs clandestins ; qui prĂŽnent un savoir fondĂ© sur la raison et lâobservation et non sur la superstition ou le respect aveugle des traditions ; qui, enfin, hĂ©donistes et matĂ©rialistes, rĂ©digent des poĂšmes Ă©rotiques, des contes licencieux, sâadonnent aux plaisirs de la chair, tiennent parfois des propos obscĂšnes et entonnent des chansons blasphĂ©matoires. Ce sont de beaux-esprits, des poĂštes, des incrĂ©dules, des irrĂ©ligieux, des mĂ©decins, des Ă©crivains, des mathĂ©maticiens, des penseurs ouverts et curieux, qui ont tous pour point commun dâaspirer Ă une plus grande tolĂ©rance et Ă une plus grande indĂ©pendance. Pierre Gassendi, ThĂ©ophile de Viau, Cyrano de Bergerac le vrai !, figurent parmi les plus cĂ©lĂšbres dâentre eux. Nombre de ces esprits libres souffriront des affres de la censure, de lâemprisonnement, de lâexil, voire mĂȘme de la peine capitale. Le libertinage sâinscrit donc dans la mouvance de certaines philosophies grecques DĂ©mocrite, Epicure, LucrĂšce, HĂ©donisme de lâhumanisme du XVIe siĂšcle Renaissance, un mouvement caractĂ©risĂ© par lâeffervescence scientifique, philanthropique et philosophique, soucieux de remettre lâhomme au centre des prĂ©occupations vs. Dieu et lâEglise, omniprĂ©sents au Moyen-Ăąge et de faire relativiser les choses face aux dĂ©couvertes de nouveaux mondes les AmĂ©riques et de nouvelles perspectives rĂ©volution copernicienne, hĂ©liocentrisme, thĂšses sur la pluralitĂ© des mondes ; relativisme de Montaigne⊠mais aussi du baroque fin XVIe XVIIe s., un courant marquĂ© par lâexcĂšs, lâexubĂ©rance, la surcharge, lâabondance, le changement, le provisoire, lâinstabilitĂ©, une conception du monde en transformation permanente et la soif de libertĂ©. Un mouvement bien plus global que le libertinage qui ne concerne que quelques esprits particuliĂšrement Ă©mancipĂ©s et qui concerne la sociĂ©tĂ© artistique et intellectuelle tout entiĂšre dâenviron 1580 Ă 1640. Un courant marquĂ© par le rejet de lâabsolu, lâidĂ©e que rien ne dure, que rien nâest figĂ©, immuable ou dĂ©finitif, que tout change sans cesse, que tout se transforme, que tout est Ă©phĂ©mĂšre, que le monde est Ă peine en train de se construire, que la vie est Ă©phĂ©mĂšre, la mort inĂ©vitable et lâhomme bien peu de chose. Un mouvement en consĂ©quence marquĂ© aussi par le goĂ»t pour lâapparence, pour lâillusion, pour lâaventure, la passion, le bruit, la fureur et les pĂ©ripĂ©ties Ă©piques, mais aussi la tolĂ©rance, la pluralitĂ© de la vĂ©ritĂ©, lâabsence de rĂšgles et de lois intangibles, lâouverture, une libertĂ© totale dâaction, lâinfini des possibilitĂ©s, et donc lâopportunisme. LâaviditĂ© de nouveautĂ©s, de sensations et dâexpĂ©riences, la curiositĂ© et donc lâinconstance amoureuse qui en dĂ©coulent logiquement caractĂ©risent encore lâhomme baroque. Autant de traits, on le voit, que lâon retrouve dans le libertin, faisant de lâĂšre baroque le terreau fertile dâune philosophie libertine. Le personnage tragi-comique de Don Juan de MoliĂšre incarne parfaitement le libertin tel quâil est alors dĂ©crit et dĂ©criĂ© par ses dĂ©tracteurs lâEglise et la bien-pensante sociĂ©tĂ© en tĂȘte libre-penseur, immoral, blasphĂ©matoire, provocant, hĂ©rĂ©tique, coureur, profiteur, matĂ©rialiste et jouisseur. Certaines de ses tirades restent cĂ©lĂšbres pour lâapologie du libertinage et de lâinconstance amoureuse quâelles dĂ©livrent et la critique en rĂšgle de Dieu et de lâEglise quâelles proposent. Les propos de Don Juan sont choquants et ses mĆurs dissolues. Evidemment, la caricature fait de lui un ĂȘtre parjure, hypocrite, Ă©goĂŻste et menteur en plus du reste. Don Juan est lâimage mĂȘme du libertin Ă la fois dans sa pensĂ©e, dans ses propos et dans ses mĆurs et de lâhomme baroque qui aime lâaventure, le changement, les rebondissements, lâĂ©phĂ©mĂšre, lâinconstance, lâabsence de rĂšgles. Cette tragi-comĂ©die de MoliĂšre est aux libertins ce que ses PrĂ©cieuses ridicules sont Ă la prĂ©ciositĂ© des salons de la mĂȘme Ă©poque cf. autre article y Ă©tant consacrĂ© une satire amusante et fort Ă©difiante encore pour le lecteur du XXIe s. Evidemment, le libertinisme se retrouve particuliĂšrement critiquĂ© durant la seconde moitiĂ© du XVIIe s., lors du trĂšs rigoureux rĂšgne de Louis XIV, lorsque le baroque fait place aux exigences et aux rĂšgles moralistes du classicisme. On assiste alors Ă un retour en force des exigences de biensĂ©ance et de bon goĂ»t, et de la figure trĂšs prisĂ©e du gentilhomme et de lâhonnĂȘte homme aux maniĂšres impeccables. Le libertinisme, dans un tel contexte, est, on le comprend, particuliĂšrement mal vu et surveillĂ©. Il se met en veille. Câest au cours de la RĂ©gence qui suit la mort de Louis XIV, puis au cours des rĂšgnes de Louis XV et de Louis XVI, trĂšs libĂ©raux au regard du rĂšgne de fer du Roi-Soleil, que le libertinage de mĆurs libertĂ© dâaimer et libertĂ© dâagir prend donc toute son ampleur, quand enfin lâĂ©tau se desserre. Jusque-lĂ surtout intellectuel et moral, le libertinage revĂȘt alors pleinement son habit sensuel, mĂȘme si lâĂ©tiquette de dĂ©bauchĂ© aux mĆurs lĂ©gĂšres et immorales » colle Ă la peau du libertin bien avant le siĂšcle des LumiĂšres. Au XVIIIe donc, lâaspect sensuel et charnel du libertinage connaĂźt un essor important. Sâil garde toute sa philosophie dâantan, câest sur le plan amoureux que ce courant se dĂ©veloppe alors le plus on met en avant les jeux Ă©rotiques, la sĂ©duction, la libertĂ© sexuelle, des pratiques alternatives, et toute une littĂ©rature romans, nouvelles, poĂšmes qui, entre message philosophique et divertissement osĂ©, vont du coquin gentillet au pornographique. Câest, entre autres, le siĂšcle des Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos, de lâHistoire de ma vie de Casanova et des scandales du Marquis de Sade. A noter, une diffĂ©rence entre les deux grands rĂšgnes de ce siĂšcle si, sous Louis XV, le libertinage est ouvertement affichĂ© et connaĂźt son apogĂ©e, personne ne se cache et la dĂ©bauche imprĂšgne mĂȘme le mode de vie royal, Louis XVI, puritain, tente en revanche dâimposer un retour Ă des valeurs plus morales, contraignant les libertins Ă avancer masquĂ©s ; câest alors quâapparaĂźt le type du rouĂ© », ce grand sĂ©ducteur qui se donne les airs dâun honnĂȘte homme, courtois et raffinĂ©, mais qui manipule son entourage et avance dans ses projets avec une mĂ©thode scientifique et quasi militaire, et dont le personnage du vicomte de Valmont Liaisons dangereuses donne une parfait illustration. Aujourdâhui, le parallĂ©lisme entre athĂ©isme, matĂ©rialisme et Ă©picurisme sâest attĂ©nuĂ© ainsi que le lien Ă©troit qui unifiait une philosophie et des mĆurs. On ne retient de nos jours que lâaspect charnel et vaguement immoral du libertinage, hĂ©ritĂ© du XVIIIe. En ce quâil bouscule la morale conventionnelle et bourgeoise de notre temps, il reste dans lâensemble connotĂ© pĂ©jorativement, mĂȘme si la libĂ©ralisation des mĆurs tout au long du XXe siĂšcle et les cultes respectivement rendus au corps, Ă la nuditĂ©, Ă la chair, aux plaisirs physiques, Ă la libertĂ© y compris amoureuse et Ă la consommation Ă outrance, de nos jours, et lâĂ©branlement de valeurs traditionnelles telles que le mariage, la tempĂ©rance, les contraintes et la fidĂ©litĂ©, contribuent chaque jour un peu plus Ă la banalisation â ou du moins Ă lâacceptation â de ces pratiques, aujourdâhui plus facilement tolĂ©rĂ©es, voire admises comme faisant partie de la vie privĂ©e et des droits de chacun. Quant Ă son aspect littĂ©raire, il est aujourdâhui dĂ©signĂ© sous le terme plus neutre â dâun point de vue moral â de littĂ©rature Ă©rotique ». Des publications confidentielles et clandestines retirĂ©es de la vente pour outrage aux bonnes mĆurs, et conduisant leurs auteurs Ă la prison, jusquâau best-seller amĂ©ricain Cinquante nuances de gris de les mĆurs et le goĂ»t du public ont bien changĂ© ! 3 articles Ă venir pour creuser ce thĂšme du libertinage Le Marquis de Sade â Ă©videmment ! Casanova â Ă©videmment bis ! Et Don Juan â Ă©videmment ter ! Citation de Dom juan Sagnarelle son valet dĂ©crit son maĂźtre Dom Juan acte I sc. 1 SGANARELLE [âŠ] tu vois en Dom Juan, mon maĂźtre, le plus grand scĂ©lĂ©rat que la terre ait jamais portĂ©, [âŠ] un hĂ©rĂ©tique, qui ne croit ni Ciel, ni Enfer, ni loup-garou, qui passe cette vie en vĂ©ritable bĂȘte brute, un pourceau dâEpicure, un vrai Sardanapale, qui ferme lâoreille Ă toutes les remontrances quâon peut lui faire, et traite de billevesĂ©es tout ce que nous croyons. [âŠ] Un mariage ne lui coĂ»te rien Ă contracter, il ne se sert point dâautres piĂšges pour attraper les belles, et câest un Ă©pouseur Ă toutes mains ; dame, demoiselle, bourgeoise, paysanne, il ne trouve rien de trop chaud, ni de trop froid pour lui ; et si je te disais le nom de toutes celles quâil a Ă©pousĂ©es en divers lieux, c serait un chapitre Ă durer jusques au soir. » Citation de Dom Juan lâĂ©loge de lâinconstance amoureuse par ce maĂźtre de la sĂ©duction acte I sc. 2 DOM JUAN Quoi ? tu veux quâon se lie Ă demeurer au premier objet qui nous prend, quâon renonce au monde pour lui, et quâon nâait plus dâyeux pour personne ? La belle chose de vouloir se piquer dâun faux honneur dâĂȘtre fidĂšle, de sâensevelir pour toujours dans une passion, et dâĂȘtre mort dĂšs sa jeunesse Ă toutes les autres beautĂ©s qui nous peuvent frapper les yeux ! Non, non la constance nâest bonne que pour des ridicules; toutes les belles ont droit de nous charmer, et lâavantage dâĂȘtre rencontrĂ©e la premiĂšre ne doit point dĂ©rober aux autres les justes prĂ©tentions quâelles ont toutes sur nos coeurs. Pour moi, la beautĂ© me ravit partout oĂč je la trouve, et je cĂšde facilement Ă cette douce violence dont elle nous entraĂźne. Jâai beau ĂȘtre engagĂ©, lâamour que jâai pour une belle nâengage point mon Ăąme Ă faire injustice aux autres; je conserve des yeux pour voir le mĂ©rite de toutes, et rends Ă chacune les hommages et les tributs oĂč la nature nous oblige. Quoi quâil en soit, je ne puis refuser mon cĆur Ă tout ce que je vois dâaimable; et dĂšs quâun beau visage me le demande, si jâen avais dix mille, je les donnerais tous. Les inclinations naissantes, aprĂšs tout, ont des charmes inexplicables, et tout le plaisir de lâamour est dans le changement. On goĂ»te une douceur extrĂȘme Ă rĂ©duire, par cent hommages, le cĆur dâune jeune beautĂ©, Ă voir de jour en jour les petits progrĂšs quâon y fait, Ă combattre par des transports, par des larmes et des soupirs, lâinnocente pudeur dâune Ăąme qui a peine Ă rendre les armes, Ă forcer pied Ă pied toutes les petites rĂ©sistances quâelle nous oppose, Ă vaincre les scrupules dont elle se fait un honneur et la mener doucement oĂč nous avons envie de la faire venir. Mais lorsquâon en est maĂźtre une fois, il nây a plus rien Ă dire ni rien Ă souhaiter; tout le beau de la passion est fini, et nous nous endormons dans la tranquillitĂ© dâun tel amour, si quelque objet nouveau ne vient rĂ©veiller nos dĂ©sirs, et prĂ©senter Ă notre cĆur les charmes attrayants dâune conquĂȘte Ă faire. Enfin il nâest rien de si doux que de triompher de la rĂ©sistance dâune belle personne, et jâai sur ce sujet lâambition des conquĂ©rants, qui volent perpĂ©tuellement de victoire en victoire, et ne peuvent se rĂ©soudre Ă borner leurs souhaits. Il nâest rien qui puisse arrĂȘter lâimpĂ©tuositĂ© de mes dĂ©sirs je me sens un cĆur Ă aimer toute la terre; et comme Alexandre, je souhaiterais quâil y eĂ»t dâautres mondes, pour y pouvoir Ă©tendre mes conquĂȘtes amoureuses. » Tagged analyse littĂ©raire, culture littĂ©raire, Ă©poque moderne, Ă©rotisme, histoire littĂ©raire, libertinage
Souvent, nous entendons les athĂ©es militants et anti-religieux assĂ©ner le postulat voulant que la Religion relĂšve de la croyance â or la foi nâest pas synonyme de croyance puisquâelle impliquait, â du moins Ă lâorigine, la Connaissance, â et parfois la dĂ©monstration logique -, lâAmour et la sincĂ©ritĂ© -. En Islam par exemple, il y a toute une science, appelĂ©e ilm ul-kalĂąm », â reprise par la suite par des savants juifs et chrĂ©tiens, et mĂȘme dĂ©istes de nos jours -, visant Ă dĂ©montrer rationnellement la RĂ©alitĂ© divine et Ses Attributs nĂ©cessaires. Les thĂ©ologiens sunnites asharites, maturidites et une partie des atharites orthodoxes ou dĂ©viants, les muâtazilites, les shiites et les philosophes musulmans y auront aussi recours par moment et selon les besoins de lâĂ©poque ou du contexte. Par ailleurs, la croyance ne signifie pas que celle-ci serait fausse, mais quâelle ne serait pas dĂ©montrable », â du moins sous certains aspects -. La croyance peut ĂȘtre aussi bien rationnelle quâirrationnelle, appuyĂ©e ou non par des arguments scientifiques, rationnels, spirituels, psychologiques, etc. Mais les athĂ©es prosĂ©lytes sâexcluent du champ de la croyance » comme par enchantement pour prĂ©senter lâathĂ©isme comme une sorte de connaissance », alors quâelle relĂšve de la croyance et de leur subjectivitĂ©. En effet, lâathĂ©isme est un acte de croyance, car yâaurait-il une croyance plus absurde que celle-ci, oĂč lâabsence de rĂ©alitĂ© nĂ©ant/rien aurait pu produire la rĂ©alitĂ© 1, oĂč le hasard bouche trou expliquerait et engendrerait comme par magie et par miracle » tout ce qui lui fait cruellement dĂ©faut, Ă savoir la vie, lâintelligence, lâinformation, la conscience, les lois. OĂč lâabsurde non-sens et lâirrationnel se trouverait au fondement de leur croyance qui aimerait se voir coller lâĂ©tiquette de la rationalitĂ© dont lâathĂ©isme nie en quelque sorte la valeur existentielle » et oĂč ils reprochent aux non-athĂ©es dâĂȘtre irrationnels et dans lâerreur alors que les croyants sont dans le rationnel et que lâathĂ©isme rejette en soi les concepts de rationalitĂ©, dâordre, de cohĂ©rence, de logique, de sens et donc de vĂ©ritĂ© puisque tout serait irrationnel en soi lâunivers comme lâintellect alors quâil y a adĂ©quation entre le rĂ©el et lâintelligence humaine, entre lâobjet et le sujet. Dâailleurs le fait que ce qui est rĂ©el et illusoire soit distinguĂ©, dĂ©montre lâexistence dâune lumiĂšre ou dâune opĂ©ration mentale entre la rĂ©alitĂ© et lâillusoire, et la diffĂ©rence entre lâobjectivitĂ© et la subjectivitĂ©, oĂč la conscience est au centre » de tout, fondement et manifestation de la Transcendance Ă lâorigine des modalitĂ©s spatio-temporelles, et nĂ©cessaire pour permettre et lĂ©gitimer toutes les dĂ©marches scientifiques et philosophiques. LâathĂ©isme est donc une sorte de croyance magique qui ne dit pas son nom. Quant au hasard bouche-trou, il ne peut en rien expliquer lâexistence de lâunivers ni de la vie. En effet, Ă la moindre erreur » ou au moindre Ă©chec », lâunivers ne serait pas viable, mĂȘme avec 5 ou 5000000000000 milliards dâannĂ©es. Lâexistence des multivers hypothĂ©tique sur le plan scientifique, mais parfaitement compatible avec les doctrines religieuses ne change rien Ă la situation. Le hasard et le temps ne peuvent rien expliquer. Le hasard nâexiste pas et ce, mĂȘme si lâon adopte lâargumentaire athĂ©e Je ne crois que ce que je vois, ce nâest pas quantifiable, câest de la croyance et une illusion de lâesprit », câest une chimĂšre. Et pour le temps », seul, il ne produit rien, raison pour laquelle la science explique et dĂ©crit lâunivers par des constantes et des lois physiques autres que le temps », et non pas par le hasard philosophique bouche-trou Ă qui lâon attribue la Toute-Puissance ou comment voiler lâun des Noms et Attributs du Divin âŠ. Frithjof Schuon Ă©crivait aussi ceci Toutes les erreurs sur le monde et sur Dieu rĂ©sident dans la nĂ©gation naturaliste » de la discontinuitĂ© 1, donc de la transcendance â alors que câest sur celle-ci quâon aurait dĂ» Ă©difier toute la science â soit dans lâincomprĂ©hension de la continuitĂ© mĂ©taphysique et descendante », laquelle nâabolit en rien la discontinuitĂ© Ă partir du relatif. 1 Câest plus ou moins ce prĂ©jugĂ© scientiste » â allant de pair avec la falsification et lâappauvrissement de lâimagination spĂ©culative â qui empĂȘche un Teilhard de Chardin de concevoir la discontinuitĂ© de force majeure entre la matiĂšre et lâĂąme, ou entre le naturel ou le surnaturel, dâoĂč un Ă©volutionnisme qui â au rebours de la vĂ©ritĂ© â fait tout commencer par la matiĂšre. â Un minus prĂ©suppose toujours un plus initial, si bien quâune apparente Ă©volution nâest que le dĂ©roulement tout provisoire dâun rĂ©sultat prĂ©existant ; lâembryon humain devient homme parce quâil lâest dĂ©jĂ ; aucune Ă©volution » ne fera surgir un homme dâun embryon animal. De mĂȘme le cosmos entier ne peut jaillir que dâun Ă©tat embryonnaire qui en contient virtuellement tout le dĂ©ploiement possible, et qui ne fait que manifester sur le plan des contingences un prototype infiniment supĂ©rieur et transcendant ». Frithjof Schuon, Comprendre lâIslam, Ă©d. Gallimard, 1961, pp. 148-149. Notes 1 Quand bien mĂȘme lâunivers serait Ă©ternel », cela nâexclut pas la nĂ©cessitĂ© du Divin posĂ© et Ă©tabli comme nĂ©cessitĂ© rationnelle et comme principe mĂ©taphysique, comme lâont montrĂ© par exemple Ibn Rushd au Moyen-Ăąge et Frithjof Schuon Ă notre Ă©poque, notamment dans son ouvrage Soufisme â Voile et quintessence aux Ă©ditions Dervy, 2006.
croyance que tout objet a une Ăąme